samedi 29 mars 2014

Ma biographie langagière


J'ai eu la chance de naître dans un pays où la faune et la flore sont riches, où la culture est variée et où la population se distingue par ses qualités humaines. La Colombie est un pays dont la langue parlée est aussi riche de part la variété des expressions et du vocabulaire. L'espagnol de Colombie est, à l'échelle du continent, l'un des plus clairs, neutres, et facile à comprendre. "La Colombie est connue comme ayant l’une des plus belles formes de l’espagnol en Amérique du Sud. Il est caractérisé par une intonation presque musicale [...]"(veinte mundos). On dit que l'on ne peut pas séparer langue et culture. La Colombie en est la parfaite illustration. Nous, colombiens, sommes accueillants et chaleureux. Nous prenons bien le temps de saluer. Il est courant de ne pas se limiter à un simple bonjour. Il existe donc plusieurs façons de poser la question "comment allez-vous?" : " ¿ Qué más?", "¿Qué hubo", "¿Cómo le va?", " ¿Cómo le ha ido?", "¿Cómo está?", " ¿Cómo ha estado?", et comme nous avons une culture "obséquieuse", l'expression numéro une étant sans conteste "a la orden", literallement "à votre service". En deuxième position  "qué pena", traduit la gêne et permet d'amorcer une excuse ("qué pena", je vous ai marché sur le pied, "que pena", j'ai une heure de retard, "que pena", excusez-moi de vous embêter). Finalement, les colombiens diront, pour exprimer l'enthousiasme, "chévere" ou "bacano" qui signifient super. 

J'ai aussi eu la chance de connaître l'anglais, langue utilitaire, mouvante et dynamique qui m'a permis de me débrouiller pendant mes études universitaires et qui a été le premier référent linguistique que j'ai eu pour comparer et mieux connaître ma langue, ma culture et la culture des autres. Ce que j'aime le plus dans la langue anglaise c'est la possibilité de dire les choses de manière plus simple, concrète et objective : on dit "give something back" (rendre quelque chose que l'on a emprunté) et "give something out" (donner quelque chose à plusieurs personnes). J'aime aussi beaucoup comparer les représentations différentes que les cultures et langues ont de la réalité surtout à travers les expressions idiomatiques. Quand on parle de quelqu'un et qu'il arrive tout à coup; en français on parle du loup "en parlant du loup", en anglais en parle du diable "talk of the devil" et en espagnol on parle du roi de Rome "hablando del rey de Roma". A l'inverse, les trois langues que je parle partagent de nombreuses expressions similaires ou voisines. Par exemple, quand un mot nous échappe, on dit que "c'est sur le bout de 

la langue" en français, "la tengo en la punta de la lengua" en espagnol et "I have the word on the tip of my tongue" en anglais. Je compare les expressions idiomatiques parce que je trouve ça amusant, comme quand on est egocentrique on dit en français "se prendre pour le nombril du monde", en anglais "to think the world revolves around oneself" et en espagnol on dirait aussi "creer que el mundo gira alrededor de uno", mais je trouve encore plus distrayant ce que l'on dit en Colombie "creerse la última coca-cola del desierto" (se prendre pour la dernière bouteille de coca dans le désert). Quand quelque chose coûte trop chère on dit que "ça coûte les yeux de la tête", en espagnol ça coûte un œil  du visage "cuesta un ojo de la cara", ce que je trouve logique parce que la vie dans les pays hispanophones et même en Espagne coûte moins cher qu'enFrance où encore qu'en Angleterre (aux Etats-Unis également) où l'on dira qu'une chose coûte un bras et une jambe "it costs an arm and a leg". Or, s'il s'agit de chercher des similitudes pourquoi ne pas s'intéresser aussi à l'Italie et sa langue ? Lorsqu'une chose coûte cher, là bas aussi on la paye avec un œil de la tête "costare un occhio della testa". J'ai tellement passé de temps à étudier l'anglais et le français que j'ai décidé de "jouer la carte de la facilité" en apprenant des langues romanes comme l'italien et plus tard le portugais. Il n'y a pas plus facile pour un  hispanophone que d'apprendre à dire, par exemple, qu'il pleut des cordes en portugais ("está chovendo a cântaros") lorsqu'il sait déjà qu'on dit "está lloviendo a cántaros" en espagnol. 

Pour conclure, mon expérience avec les langues m'a servi pour apprendre à comprendre qu'on n'est pas si différent que ce que l'on pense. Même si les langues nous éloignent, le lien qui existe entre elles, ce raisonnement humain, nous identifie et nous montre que nous partageons tous les mêmes principes, les mêmes goûts, les mêmes peurs et des idées très similaires. Comme dernier exemple, on partage tous l'idée que la connaissance provient de l'expérience et on recommande donc de ne pas donner des conseils à ceux qui sont plus âgés dans ce proverbe qui dit : "Ce n'est pas à un vieux singe qu'on apprend à faire des grimaces". En anglais on dirait : "don't try to teach your grandma to suck eggs" (n'essaye pas d'apprendre à ta grand-mère de gober des œufs). Enfin en espagnol :  "Más sabe el diablo por viejo que por diablo" (le diable en sait plus parce qu'il est vieux que parce qu'il est diable). 

Ma biographie langagière en image



Bibliographie
Veinte mundos. Colombie - Langue et Culture. [Magasine en ligne] . http://www.veintemundos.com/fr/espagnol/colombie/. Lingua Editions. Page consulté en Avril 2014.

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